Da Le Monde di oggi:
La battaglia di Silvio Berlusconi contro i giudici compromette il dialogo nazionale sulle riforme. Il presidente del Consiglio italiano intende attaccare in forze per imporre il suo progetto di legge sull’immunità giudiziaria, oggi in Parlamento, suscitando le critiche della sua stessa maggioranza.
Le combat de Silvio Berlusconi contre les juges compromet le dialogue national sur les réformes
LE MONDE | 09.07.08 | 14h31 • Mis à jour le 09.07.08 | 19h50
ROME CORRESPONDANCE
Son franc parler est proverbial. Ses dérapages aussi. Mais quand Umberto Bossi, le chef de file du parti régionaliste xénophobe de la Ligue du Nord, l’allié incontournable de Silvio Berlusconi, a lâché, ces derniers jours, qu'”il y a trop de bordel, le gouvernement court des risques”, sa petite phrase n’est pas passée inaperçue. Du Japon où il se trouvait pour le G8, le président du Conseil a tenté de minimiser : “Umberto veut blaguer”, a été sa réplique.
Le “nouveau” Berlusconi, celui qui, lors de la campagne pour les élections législatives d’avril, se voulait l’homme du dialogue avec l’opposition pour la mise en place de réformes constitutionnelles, a cédé la place au “Cavaliere” de toujours, obsédé par ses ennuis judiciaires. Les “urgences” du “chef” brouillent l’action du gouvernement, y compris du tonitruant ministre des réformes Umberto Bossi, qui rêve d’un climat plus propice pour faire avancer “son” fédéralisme fiscal.
Silvio Berlsusconi veut faire adopter au pas de charge son immunité par le parlement. Quitte à interrompre tout dialogue avec l’opposition. C’est le sens de sa décision, mardi 8 juillet, de bousculer l’ordre du jour des travaux de la Chambre des députés.
LOI TAILLÉE SUR MESURE
Jeudi, les députés seront appelés à se prononcer sur l’immunité à accorder aux quatre plus hautes charges de l’Etat – président de la République, du Sénat, de la Chambre et, naturellement, chef du gouvernement. Une mesure qu'”Il Cavaliere” estime indispensable pour pouvoir se consacrer au gouvernement et n’avoir plus à se défendre contre ce qu’il considère être de l’acharnement judiciaire de la part de “juges idéologisés”. Après avoir ouvert contre lui, depuis 15 ans, pas moins dix-sept procès différents pour corruption, faux et usage de faux, ceux-ci n’auraient à ses yeux qu’un seul objectif, son “renversement par voie judiciaire”.
Ce “bouclier” législatif avait déjà été introduit en 2003 mais il avait été rejeté par la Cour constitutionnelle. Aujourd’hui, M. Berlusconi avance avec un autre projet de loi tout aussi controversé, la suspension des procès “moins graves”, passibles de moins de dix ans et remontant à avant le 30 juin 2002. Une loi taillée sur mesure. Parmi les 100 000 procès qui seraient affectés, selon les estimations de l’Association nationale des magistrats, figure justement celui qui voit Silvio Berlusconi accusé, à Milan, de corruption pour avoir versé 600 000 dollars à son ex-avocat britannique David Mills en échange de deux faux témoignages dans une affaire de caisses noires. Le procès a entamé sa dernière ligne droite. En octobre, prédisent les experts, il pourrait se conclure par une condamnation.
Cette suspension annoncée a provoqué un tollé. L’opposition a lié son retrait à la poursuite du dialogue, tout en faisant miroiter une position moins intransigeante sur l’immunité institutionnelle si celle-ci était envisagée comme loi constitutionnelle à introduire à partir de la prochaine législature.
Mais Silvio Berlusconi semble ne plus vouloir reculer, même au prix de la rupture définitive avec le Parti démocrate, celui avec lequel il avait inauguré la brève saison interrompue des réformes. Apparemment, les sondages lui donnent raison : selon celui publié dimanche 6 juillet par Il Corriere della Sera, les Italiens qui portent un jugement positif sur Silvio Berlusconi sont 56 % contre les 47 % en mai.
Salvatore Aloïse